Beurre "Maison" Aromatisé
Une cuisine, c'est un lieu magique... On y pétrit une pâte à tarte et on éprouve sans raison une joie immense ; on y réussit pour la première fois un pain splendide et alors c'est une fierté toute naïve à cet instant crucial ou les personnes qui nous sont chères goûtent à leur tour, nous annoncent leur verdict... et leurs mots se perdent entre deux bouchées trop vite avalées ! C'est aussi l'atelier de nos challenges, le lieu des grosses déceptions lorsque l'on rate cette satanée recette pour la énième fois... Nos efforts sont gravés sur la table, sur le sol, et les placards même portent notre empreinte. (je suis d'humeur lyrique).
Mais pour moi hier, ce petit moment passé dans ma pièce préférée n'a été qu'une bonne vieille récréation comme ça ne m'arrive pas forcément toutes les semaines... Et devinez comment? J'ai fait du beurre !
C'était la deuxième fois que cette petite aventure me tentait ; pour la première, j'avais depuis longtemps entendu dire qu'on pouvait faire son beurre juste en battant de la crème, et tout à coup j'avais eu envie d'essayer à mon tour. Surtout que je venais de rentrer d'un restaurant ou on nous avait servi du beurre fouetté au miel avec notre pain... Mmmm ! Impatiente, je n'avais donc pas battu assez longtemps et j'avais obtenu une pâte à tartiner mousseuse, mi-crème, mi-beurre, délicieuse soit mais...
(Pas de recette qui suit, juste une démarche) :
Alors cette fois-ci, riche de mes lectures "bloggesques" en général et du blog de Lilo en particulier, j'ai décidé de remettre ça. J'ai déposé un bol de crème liquide (celle qu'on utilise pour faire de la Chantilly, la "whipping cream") au froid pendant un moment avec les batteurs de mon mixer manuel (comme je fais d'habitude avant de commencer une crème fouettée), et puis voilà... Je me suis mise à battre, et à battre, 5 minutes, puis 8, puis 10, et quand j'ai senti que je ne pouvais pas aller plus loin et que la crème avait pris une consistance solide d'un jaune très pale, j'ai arrêté et j'ai laissé reposer quelques minutes de plus. C'est alors que quelque chose de magique s'est produit : une substance liquide comme du lait a commencé à se former et à s'écouler au fond du bol. Encore une fois, si j'avais été plus patiente et si j'avais battu une plus grosse quantité de crème j'aurais sans doute laissé ce babeurre (on dit "buttermilk" ici) s'égoutter tout seul complètement, mais moi j'avais surtout envie de goûter au fruit de mon travail le plus vite possible ! Je l'ai donc recueilli entre plusieurs couches de papier absorbant, et je l'ai pressé et égoutté à la main jusqu'à ce que plus rien ne sorte... J'ai ensuite transféré ce beurre dans quatre récipients différents, j'ai sorti mes pots à épices et... bah, j'ai joué au petit scientifique, bien sur.
Voici le résultat, de haut en bas :
- beurre aux graines de pavot (poppy seeds)
- beurre sucré à la cannelle (sugar and cinnamon)
- beurre au miel de trèfle (clover honey)
- beurre salé à la ciboulette et poivre rouge (chives and red pepper)
Je suis heureuse de rapporter que le véritable test, celui qui s'intitule "Le-beurre-que-je-viens-de-faire-est-il-bien-du-vrai-beurre" fut passé avec succès plusieurs heures plus tard lorsqu'au sortir du réfrigérateur je constatai qu'il était devenu dur-solide... comme au magasin. Oh, et il a aussi passé le "test du mari" qui pourtant, en bon Américain, préfère généralement son beurre de cacahuètes (peanut butter) à celui des vaches : il ne pouvait plus s'arrêter d'en tartiner son pain!